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le triomphe de la république.

sur les produits tunisiens, malgré l’opposition des représentants de l’Algérie. Ce n’était pas en France seulement que montait la marée protectionniste. Les États-Unis avaient adopté le bill Mac Kinley, qui équivalait, par les formalités dont l’importation se trouvait entourée[1], à une prohibition complète. Le 10 mars 1891, une nouvelle loi venait modifier, pour la dixième fois en sept ans, le régime des sucres. Cependant la Suisse et la Belgique avaient répondu à nos dénonciations en dénonçant à leur tour les traités de tout ordre qui les unissaient à la France, et jusqu’aux conventions réglant la navigation et la propriété artistique et littéraire. On en éprouva quelque ennui dans l’entourage de M. Méline. Certains avaient eu la naïveté de croire qu’ils pourraient s’enfermer dans l’enceinte fortifiée du protectionnisme sans s’exposer à des représailles de la part des autres pays.

Le gouvernement, quand s’engagea la discussion générale, se montra disposé à considérer les deux tarifs « comme la base des rapports commerciaux à établir entre la France et les puissances étrangères : le tarif minimum pour celles qui feront certaines concessions, et le tarif général pour les nations qui n’en consentiront aucune[2] ». Mais il ne voulut pas s’engager à ne pas traiter au-dessous du tarif minimum. La première partie du débat se termina selon les vues du gouvernement, qui réclamait l’exemption

  1. Les principales exigences du bill Mac Kinley avaient trait à la présentation de factures authentiques et de certificats d’origine des produits ; les contestations devaient être portées devant un tribunal exclusivement américain.
  2. Discours de M. de Freycinet, président du conseil, prononcé à la Chambre des députés le 22 mai 1891.