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la république et l’église.

absolue ne saurait exister qu’en théorie ; en cherchant à rendre complète la séparation entre l’enseignement religieux et l’enseignement général, entre le curé et l’instituteur, on a en quelque sorte incité ce dernier à considérer le représentant de l’autorité ecclésiastique comme son adversaire personnel. Il en est résulté, surtout dans les petites communes rurales, une tension de rapports qui a parfois dégénéré en hostilité ouverte. Tel n’était pas assurément le but du législateur, préoccupé que la réforme ne fût pas appliquée aussi rapidement qu’elle avait été conçue, mais progressivement, de manière à respecter, autant que possible, les droits acquis.

Sur le terrain de l’enseignement secondaire, la lutte, un peu plus sourde, n’a pas été moins âpre. Là, en effet, on ne se trouvait plus en présence du clergé séculier, démocratique d’origine et plus facile à gagner aux idées républicaines ; on avait devant soi les congrégations, riches et puissantes, fières du rôle considérable joué par elles dans le passé et ayant, sur bien des points de détail, devancé l’Université dans la voie des réformes pédagogiques. On pouvait sans doute les réduire à l’impuissance par une interdiction directe ou indirecte d’enseigner ; on pouvait encore réserver non seulement toutes les faveurs, mais tous les emplois aux jeunes gens qui justifieraient de leur présence pendant un nombre minimum d’années dans les lycées ou collèges de l’État ; on pouvait enfin améliorer le régime des établissements universitaires de façon à les

    — du moins je le pense — avec la grande majorité de mon parti, c’est là une politique que je repousse de toutes les forces de ma conscience républicaine, de toutes les forces de mon âme libérale et de ma foi dans la vérité, dans la raison et dans la justice. »