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la république et l’église.

duite dans le christianisme, qui est une religion d’action ; mais il ne s’ensuit pas que l’État ait un droit quelconque d’intervenir et de forcer la porte des Port-Royal modernes. Plus importante est la question d’éducation ; mais là encore, sur quel principe appuyer une intervention, et de quelle façon l’exercer ? Si l’on déplore que toute une classe de jeunes Français soient élevés dans des idées qui ne paraissent pas être celles qui les rendraient le plus aptes à bien servir leur patrie, ces idées ne sont pas telles cependant qu’on puisse les traiter comme on traite des miasmes épidémiques, par l’isolement et l’antiseptie ; il s’agit surtout d’un « état d’âme », et les états d’âme ne se réglementent point par des circulaires ou des lois. Quant aux richesses possédées par les congrégations, si grandes soient-elles, — et la statistique nous renseigne à ce sujet[1], — on ne saurait y voir un péril ; l’État a tous les moyens de se défendre, et des lois telles que la loi « d’accroissement » lui permettent de rétablir l’équilibre entre les contributions des congréganistes et celles des autres citoyens.

De l’enseignement primaire et secondaire, le conflit s’est étendu jusqu’à l’enseignement supérieur. Or l’enseignement supérieur a singulièrement progressé depuis trente ans, car ses progrès sont ceux de la science elle-même. Sur ce terrain-là, les professeurs ecclésiastiques s’étaient laissé fortement distancer, au point qu’on s’est demandé si

  1. D’une statistique qui fut dressée sur l’initiative de Gambetta, il résulte que les immeubles connus, possédés par les congrégations, autorisés ou non, représentaient, en 1881, 1/1505 du territoire français et atteignaient une valeur vénale de 712,538,980 francs. Les impôts payés se montaient à 157,495 francs, soit 0,022 pour 100.