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la république et l’église.

n’auraient pas été préalablement acceptées par la commission[1]. Si peu audacieux que fût ce projet, il n’en subit pas moins les attaques de certains organes catholiques qui voulaient y voir « une assemblée délibérante, cherchant à poser des principes d’exégèse, à délimiter les frontières de la science et du dogme, à faire prévaloir certains critériums très larges d’interprétation des Écritures[2] ». Le premier congrès réunit mille cent dix adhérents ; il y en eut un second quelques années plus tard. Leur action fut minime ; en s’isolant de la sorte pour discuter des sujets qui appartiennent à tout le monde, les catholiques se condamnaient eux-mêmes. Ils semblaient avouer que leur foi ne s’accorde pas avec les données de la science moderne. De même on interprète en leur défaveur ce souci de tenir non seulement l’enfant, mais l’adolescent et le jeune homme, éloignés de ceux de leurs camarades qui ont reçu une éducation différente ; ils donnent ainsi à penser que la religion est impuissante à marquer profondément les âmes[3].

Ce n’est pas seulement parce qu’ils se croient en possession de la seule et unique vérité révélée que les catholiques ont souvent fait preuve d’intransigeance et d’intolérance à l’égard des hommes et des idées ; c’est aussi parce qu’ils s’exagèrent, — en France principalement, — leur puissance numérique ; elle est, à vrai dire, difficile à apprécier. M. Taine a remarqué justement que « la foi

  1. Compte rendu des travaux du Congrès, t. ier.
  2. Id.
  3. Il y a une certaine indifférence de la jeunesse pour les choses religieuses, Mgr d’Hulst en a fait l’aveu en disant : « Jamais on n’a vu plus de jeunes hommes élevés chrétiennement, jamais on n’en a moins trouvé qui fussent prêts à se dévouer pour une cause sainte et à lui sacrilier leur divertissement. » (Le Correspondant.)