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les premières années

empêcher la réunion d’une Assemblée qui eût légalisé la situation intérieure de la France et par là même facilité ses rapports avec les autres nations, pour se prêter à une suspension d’armes. Dès le 10 septembre, M. Jules Favre lui avait écrit, demandant une entrevue[1]. Elle eut lieu le 19 septembre et se renouvela le lendemain. Le chancelier a pris soin de confirmer lui-même[2] l’exactitude des impressions emportées de Ferrières par le représentant de la France ; les conditions auxquelles il consentait à un armistice étaient de celles qu’on ne pouvait même discuter. Appuyé par la population parisienne, le gouvernement opposa une fin de non-recevoir et ajourna les élections.

Paris était investi, et une délégation composée de MM. Crémieux, Glais-Bizoin et l’amiral Fourichon siégeait à Tours. Le 7 octobre, Gambetta partit de Paris en ballon, traversa les lignes prussiennes et rejoignit la délégation. Il avait le mandat d’organiser la défense et de ne pas faire les élections[3]. Or l’état d’esprit n’était pas le même en province qu’à Paris, où tout se résumait en ceci : tenir bon jusqu’à ce que la province pût débloquer la capitale, ou qu’une intervention étrangère imposât l’armistice aux Allemands. En province, l’absence d’un gouvernement légal était ressentie plus vivement. L’ajournement des élections y fut considéré comme une faute grave. C’en était

  1. Rapport de M. Jules Favre sur les entrevues de la Haute-Maison et de Ferrières, à l’Officiel du 23 septembre 1870.
  2. Dans une réponse au rapport de M. Jules Favre, qu’il écrivit le 27 septembre et fit insérer dans un journal allemand. Elle fut reproduite à l’Officiel du 18 octobre.
  3. À Tours on n’avait pas attendu l’arrivée de Gambetta pour prendre une décision analogue. Au reçu de la nouvelle des conditions exigées par M. de Bismarck. M. Crémieux avait ajourné les élections.