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la république et l’église.

évolution marquée des publicistes socialistes français. Peu à peu, ils se séparaient du socialisme purement écomique de Karl Marx dont la couleur scientifique les avait séduits tout d’abord et qui se réduisait, somme toute, à la recherche de l’amélioration immédiate et strictement pratique de l’existence matérielle. On revenait à une conception plus générale et plus généreuse du socialisme, celle qui tend « à la réalisation d’une plus grande somme d’idéal dans l’établissement d’une société tout ensemble plus juste, plus éclairée et plus fraternelle ». — « C’est en vain que le socialisme de Karl Marx se présentait aux foules, comme armé de toutes les ressources de la dialectique la plus pressante et, des calculs mathématiques les plus rigoureux. Il ne parlait pas assez au cœur ému, à l’esprit enthousiaste des masses ouvrières, pour les retenir bien longtemps attentives et sympathiques[1]. »

Ces pèlerinages ouvriers, organisés pour hâter l’évolution sociale désirée par Léon xiii, faillirent compromettre l’évolution politique qu’il s’appliquait à réaliser en même temps. Les membres de la « jeunesse catholique » avaient accompagné au Vatican les pèlerins ouvriers de 1891. Les cérémonies prenaient fin, quand une sorte d’émeute francophobe éclata dans Rome. Un minime incident l’avait provoquée ; au cours d’une visite des jeunes pèlerins au Panthéon d’Agrippa où se trouve le tombeau de Victor-Emmanuel, l’un d’eux inscrivit, dit-on, sur le registre des visiteurs, ces mots : « Vive le Pape ! » Comme une traînée de poudre, la nouvelle se répandit dans la ville que la

  1. Eug. Spuller, L’évolution politique et sociale de l’Église.