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la république et l’église.

le personnel politique sans avoir à défendre les institutions républicaines[1] » qui cessaient d’être attaquées. Les nouveaux convertis contribuaient à entretenir la méfiance par leurs exagérations de langage et les prétentions qu’ils affichaient, étalant pour la République un zèle de néophytes ou bien proclamant leur ferme propos de poursuivre sa transformation, et de chasser hors de son enceinte ceux qui l’avaient fondée. Ils en appelaient au suffrage universel et, très naïvement, s’étonnaient qu’on leur préférât de vieux républicains ou qu’on exigeât d’eux quelques preuves de sincérité et un peu de service comme simples soldats.

Peu à peu le calme revint, la houle s’apaisa, et il fut évident que l’initiative pontificale avait fortifié la République et porté le dernier coup aux espérances monarchiques. On s’aperçut toutefois que cette initiative avait soulevé en même temps, et sans les résoudre, un certain nombre de questions vitales qu’il convient de résumer brièvement avant de clore ce chapitre. Il en est une qui domine toutes les autres. Quand Léon xiii a déclaré « que les catholiques doivent combattre pour la vérité et la vertu, partout où ils le peuvent, et s’associer aux hommes qui, quoique pleins de droiture et d’honnêteté, sont encore en dehors de l’Église[2] », le Souverain Pontife a-t-il posé une de ces règles de conduite inspirées par les circonstances et qui sont, pour ainsi dire, des procédés de tactique parlementaire, ou bien a-t-il formulé un grand principe, une sorte de dogme nouveau, dont la nécessité lui apparaissait et qui satisfaisait d’ailleurs les instincts de son

  1. Eug. Spuller, L’évolution sociale et politique de l’Église.
  2. Lettre à l’évêque de Grenoble.