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l’éducation.

mement l’amélioration qu’il se plut à constater dans la criminalité. « La moyenne des personnes ordinairement dans nos prisons, dit-il, est tombée de 12,000 à 5,000. La moyenne annuelle des condamnés à la prison pour de graves délits est tombée de 3,000 à 800. Sous le rapport des crimes commis par la jeunesse, le résultat est surprenant, et le nombre annuel des jeunes gens condamnés est tombé de 14,000 à 5,000. » On ne saurait méconnaître la relation étroite qu’accusent ces chiffres entre l’éducation et la criminalité. Ils sont de nature à réjouir ceux qui croient à l’influence bienfaisante de l’instruction populaire sur les mœurs et les idées, mais force nous est de constater en même temps que les statistiques criminelles françaises accusent, elles, une inquiétante augmentation du nombre de crimes et de délits, et spécialement de ceux qui sont commis par de très jeunes gens, en sorte que, « loin d’entendre célébrer et bénir comme en Angleterre la diffusion de l’instruction, beaucoup d’esprits en viennent à douter de sa vertu, et d’autres, plus violents, à la dénoncer même comme un fléau[1] ».

Faudra-t-il réintégrer Dieu dans l’école primaire ? La question a été posée[2] timidement ; on n’y a pas encore répondu ; mais il est douteux que la réponse soit négative. Peu à peu on se rend compte que cette question-là n’a rien à voir avec celle de la laïcisation du personnel. Les congréganistes, sortis de l’école, n’y rentreront pas ; mais on s’aperçoit que tout n’est pas bon à expulser dans leur

  1. Le Temps du 3 octobre 1894.
  2. Voir Instruction et Éducation, par M. Brunetière. — Revue des Deux Mondes, 1895.