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l’éducation.

Peut-être la tâche eût-elle semblé moins laborieuse si le conseil supérieur s’était trouvé différemment composé ; si, à côté des représentants de la pédagogie officielle, on avait su faire une place aux représentants de tous les grands intérêts sociaux[1]. Mais l’Université n’en était pas encore à se laisser pénétrer par les souffles du dehors. Le vieil esprit de l’institution pesait encore trop puissamment sur ses assemblées pour que ceux qui y siégeaient ne ressentissent pas quelque effroi à l’idée de prendre conseil d’hommes n’appartenant pas à leur corporation, n’ayant pas, sur bien des points, les mêmes idées, les mêmes habitudes d’esprit, disposés à considérer les choses sous un angle différent. Or, tenus en dehors de ce qui concerne l’éducation de leurs enfants, n’étant appelés au lycée que pour quelques fêtes rares et solennelles, les parents se désintéressent de ce qui s’y passe. On leur a dit : Nous allons élever vos enfants, ne vous mélez de rien, — et ils ont pris cette recommandation au pied de la lettre. Une seule chose les passionne : l’examen. Perdre une année faute de quelques points leur paraît l’infortune suprême, et ils n’ont pas tout à fait tort en ce temps de concurrence réglementée où, dans beaucoup de carrières, la valeur et l’effort individuels n’arrivent point à primer l’ancienneté. Qu’on ajoute à cela les incessants progrès de la science, la succession des découvertes qui modifient les points de vue et transforment les méthodes, et l’on comprendra comment, à l’heure même où l’opinion commençait à se préoccuper du surmenage, l’Université en vint, avec la ferme intention d’allé-

  1. Un vœu dans ce sens a été formulé par M. Joseph Reinach dans une des discussions relatives au budget de l’instruction publique.