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Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/357

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l’éducation.

niser cette éducation de caractère, même à dose restreinte, abaisser les murailles, rendre la vie facile et joyeuse aux enfants, les habituer progressivement à la liberté, rien n’eût sauvé les lycées : ni les dépenses généreusement votées pour en rebâtir les murailles vétustes et en améliorer l’aménagement et le mobilier, ni les sacrifices consentis pour abaisser le prix de la pension, augmenter le nombre des bourses, faciliter à tous l’accès de l’instruction secondaire. Mais, bien qu’en lutte ouverte avec l’Université, les établissements libres participaient de son esprit et de ses traditions ; à ses procédés pédagogiques, la plupart se bornaient à superposer une action religieuse très fortement exercée ; ils redoutaient également l’esprit de liberté et l’esprit d’innovation.

Pendant la période décennale 1876-1887, les établissements d’enseignement secondaire de l’État avaient gagné 10,907 unités ; de 1887 à 1891, ils en ont perdu 6,188. La population des lycées et collèges était en 1887 de 89,902, et en mai 1891 elle n’était plus que de 83,714. Cette diminution porte pour les quatre cinquièmes sur l’internat. Pendant ce temps les établissements ecclésiastiques ne cessaient de s’accroître d’une progression lente, mais

    pédagogie à la Faculté des lettres de Paris, un certain nombre de proviseurs et de professeurs ont eu des initiatives heureuses ; il est impossible néanmoins de prévoir ce qu’il adviendra de leurs entreprises : il y a bien là le germe d’une transformation, mais son développement est combattu par de faux partisans des idées réformatrices. — Voir les ouvrages de M. Marion, et notamment son rapport à la commission chargée d’étudier les améliorations à introduire dans le régime des établissements d’enseignement secondaire, 1889. — Quant à l’enseignement lui-même, une plus grande liberté est accordée aujourd’hui à celui qui le donne ; on le tient moins étroitement captif dans les liens de la tradition ; son talent et ses succès excuseront de sa part bien des hardiesses qui eussent paru suspectes, il y a quelques années.