filles étaient adoptés, et que des négociations se trouvaient ouvertes avec de nombreuses municipalités en vue de multiplier le nombre de ces établissements. L’utilité d’une mesure législative se reconnaît à l’empressement que mettent les citoyens à en faire usage.
Ce qui est encore préférable dans une démocratie, c’est que la loi ait à consacrer l’initiative heureuse des citoyens. La reconstitution des universités régionales en a fourni l’occasion ; mais une semblable occasion se présente si rarement en France, que le législateur a semblé hésiter à la saisir, comme si l’entreprise l’eût inquiété par son audace et sa nouveauté. L’idée, pourtant, n’était pas nouvelle et n’avait pas été jugée audacieuse en des temps moins propices.
En 1815, Royer-Collard rédigea une ordonnance par laquelle l’Université impériale, disparaissant, faisait place à dix-sept universités régionales. Cette ordonnance ne vit pas le jour. Celui qui l’avait conçue était assez libéral pour apprécier la portée d’une telle réforme et en escompter les avantages, mais la plupart des Français n’eussent aperçu, dans cet acte, qu’une réaction de parti pris contre le régime précédent ; les universités régionales ne pouvaient vivre, d’ailleurs ; tout leur manquait. Il semble que Guizot et Victor Cousin aient eu des vélléités de reprendre le plan de Royer-Collard ; mais l’impopularité qui s’attachait alors à toute entreprise de décentralisation paralysa leur bonne volonté. La loi de 1850, qui détruisit l’Université en tant que corporation jouissant d’un monopole et d’une dotation, ne créa point d’universités ; elle se contenta d’organiser,