force et de son zèle, à lui, et c’est assez pour le payer de sa peine.
Supposez maintenant que la patrie, cessant d’être menacée par des ambitions dynastiques, lui demande de l’enrichir au lieu de la défendre, de manier pour elle un outil au lieu d’une arme ; supposez que le service militaire prenne un caractère nettement industriel (et la transformation n’est peut-être pas aussi lointaine, ni aussi délicate à opérer que vous le pensez). Qu’y aura-t-il de changé ? Du moment que c’est un service commandé au nom de la France, faire aller une machine, établir une charpente, gâcher du plâtre est au moins aussi noble que nettoyer une écurie, fourbir une plaque de ceinturon, ou cirer des bottes. Si l’amour de la patrie a été assez fort pour faire sortir tant de bons soldats d’une jeunesse diversifiée par l’origine, la situation, les habitudes, l’intelligence, qui oserait dire que ce même amour de la patrie ne saurait pas, le cas échéant, en faire sortir de bons ouvriers ? Étant données les habitudes de discipline et d’obéissance prises au régiment par les jeunes générations, on peut affirmer que les deux tiers de la nation sont prêts à accepter le service industriel le jour où il serait établi.
Notre organisation militaire est donc, pour le peuple français, une immense leçon de choses socialiste. Seulement, si les socialistes veulent en faire profiter les doctrines qui leur sont chères, ils ne doivent pas perdre de vue que cette organisation repose pour une part sur le dévouement, l’abnégation et l’esprit de sacrifice, pour une autre part sur l’amour de la patrie. « Idéal et Patriotisme » devrait donc être leur mot d’ordre. Dans les circonstances pré-