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la question sociale.

En 1892, il y a eu, en France, 261 grèves qui ont atteint 500 établissements et 50,000 ouvriers. En 1893, 634 grèves ont atteint 4,386 établissements et 170,123 ouvriers ; ceux-ci ont, de ce chef, perdu 3,174,000 journées de travail. Par contre, 5 coalitions de patrons ont été organisées : 3 par les bouchers et 2 par les boulangers. Sur ces 634 grèves, 443 ont atteint un seul établissement ; 72 en ont atteint de 2 à 5 ; 30, de 6 à 10 ; … 7 grèves seulement ont atteint plus de 100 établissements. 24,5 pour 100 ont été suivies de réussite ; 32,5 pour cent de transaction ; 43 pour 100 d’échec. Dans la plupart des cas, la grève a été causée par une demande d’augmentation de salaire ou par une réduction préalable ; 58 grèves ont pris naissance par solidarité pour renvoi d’ouvriers ou autres causes du même ordre. La force de résistance a été considérable : 59 grèves ont duré de 16 à 30 jours ; 68, de 30 à 100 ; 7 ont duré plus de 100 jours[1]. On a souvent parlé de la « grève générale » comme d’une arme redoutable devant servir à paralyser la marche des affaires dans le monde ; mais cette arme se retournerait en premier lieu contre ceux qui la forgeraient. C’est là, du reste, un inconvénient commun à presque toutes les grèves. « Le temps des grèves est fini, a dit John Burns à Hyde-Park, le 7 mai 1893, indiquant par là qu’il y avait d’autres moyens plus efficaces et moins dangereux d’arriver au but visé. On doit considérer d’ailleurs que, dans un grand nombre de cas, les ouvriers n’ont pas agi par eux-mêmes ni de leur plein gré. Avant même que les socialistes arrivent à former un

  1. Statistiques du ministère du commerce, reproduites par le Temps.