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Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/437

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la question sociale.

but, but visé par les uns, redouté par les autres, qui s’y acheminent quand même[1]. »

Par les moyens politiques, le parti de la révolution sociale a cherché à s’emparer du gouvernement ; ses succès ont été rapides et importants ; par les moyens violents, il s’est efforcé d’effrayer le capital et ne semble pas y être parvenu ; par les moyens intellectuels enfin, il s’est infiltré dans l’opinion générale… Jusqu’où ? C’est ce que l’avenir peut seul nous apprendre.

En France, deux obstacles principaux lui barrent la route, d’une façon peut-être plus apparente que réelle : le premier, c’est le développement de la petite propriété ; le second, ce sont les divisions intestines qui existent dans son sein même.

Le territoire de la France représente 52,857,000 hectares, dont 49,561,861 sont soumis à l’exploitation agricole. La grande culture (domaines de 40 à 300 hectares) est représentée par 142,088 exploitations[2] ; la moyenne culture (de 10 à 40), par 727,222 ; la petite culture (de 1 à 10), par 2,635,030 ; enfin la très petite culture (moins d’un), par 2,167,667[3]. La moitié de la population de la France vit de l’agriculture ; un quart, de l’industrie ; un dixième, du commerce ; quatre centièmes, de professions dites libérales ; six centièmes vivent sans travail d’aucune sorte[4]. Les statistiques de l’administration des contri-

  1. E.-M. de Vogué, l’Heure présente (Revue des Deux Mondes du 15 décembre 1892).
  2. Du chiffre d’hectares exploités par la grande culture il convient de retrancher la propriété départementale et communale et celle des hospices, congrégations religieuses, chemins de fer, bureaux de bienfaisance, etc., soit environ 5,000,000 d’hectares.
  3. Rapport de M. Tisserand sur l’enquête décennale de 1882.
  4. Les mines, carrières, manufactures, usines occupent 1,130,000 in-