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les premières années

crise imprévue : le ministre des finances voulut se retirer, suivi par M. Dufaure. Le maréchal s’en alarma et ne craignit pas, cette fois, d’intervenir directement par-dessus la tête de ses ministres : il exposa la politique du cabinet dans une proclamation peu constitutionnelle, mais bien écrite ; il se déclarait le gardien de la Constitution en même temps que des intérêts conservateurs. M. Léon Say resta.

Les élections sénatoriales eurent lieu le 30 janvier 1876. M. Buffet échoua dans les Vosges, son pays natal ; une quarantaine de bonapartistes réussirent dans la Gironde, la Charente-Inférieure, la Corse ; quelques radicaux furent élus dans les Bouches-du-Rhône, le Var et la Drôme ; les légitimistes purs furent évincés ; tout le reste appartenait à l’élément modéré. M. de Freycinet passa le premier à Paris, où Victor Hugo n’arriva que le quatrième, malgré son épître grandiloquente « du Délégué de Paris aux Délégués des trente-six mille communes de France ». En somme il sortait, de cette grande consultation nationale, un Sénat dont la composition déjouait assurément plus d’un calcul et trompait plus d’une illusion, qui restait, néanmoins, « l’expression assez approximative d’une situation compliquée, la représentation vivante des courants sérieux et permanents de l’opinion[1] ».

L’agitation électorale ne fit que s’accroître aux approches des élections législatives. Gambetta déploya, à cette occasion, une merveilleuse et féconde activité : il parla à Arles, à Lille, et partout prépara le triomphe de ses idées par l’ha-

    l’arrondissement de Corbeil, ayant expliqué à ses electeurs les motifs de son adhésion à la République, M. Buffet lui demanda sa démission.

  1. Ch. de Mazade, Revue des Deux Mondes, Chronique.