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le 16 mai.

manière peu satisfaisante. L’ordre du jour qui fut voté, sans atteindre le cabinet, n’était pas de nature à faciliter sa tâche. Cela se passait le 4 mai. Douze jours s’écoulèrent dans un malaise indéfinissable : on parlait de coup d’État sans y croire, parce qu’après tout rien d’anormal ni d’inquiétant ne s’était produit. Or le 16 mai, au matin, le maréchal adressa à M. Jules Simon une lettre emportée et de tous points incorrecte par laquelle il lui retirait sa confiance. La lettre fut connue en peu d’instants dans Paris, où elle causa une surprise émue. Un ministère tout fait sortit comme d’une trappe. Le duc de Broglie en avait la présidence ; MM. de Meaux, de Fourtou et un sénateur bonapartiste, M. Brunet, étaient ses collaborateurs[1].

Un message de prorogation fut adressé aux Chambres : « Je n’en reste pas moins, aujourd’hui comme hier, disait le chef de l’État, fermement résolu à respecter et à maintenir les institutions qui sont l’œuvre de l’Assemblée de qui je tiens le pouvoir et qui ont constitué la République. Jusqu’en 1880, je suis le seul qui pourrais proposer un changement, et je ne médite rien de semblable : tous mes conseillers sont, comme moi, décidés à pratiquer loyalement les institutions et incapables d’y porter aucune atteinte[2]. » Il n’est pas certain que les « conseillers » du

    l’Université de Lille » avait été déclarée nulle ; mais en refusant de la reconnaître, parce qu’elle était contraire aux lois, le gouvernement n’avait pas cédé aux instances des impatients qui réclamaient à grands cris la fermeture de l’Université libre de Lille.

  1. Le général Berthaut et le duc Decazes conservaient leurs portefeuilles.
  2. M. Ernest Daudet, dans ses Souvenirs de la présidence du maréchal de Mac Mahon, assure que le 16 mai fut l’acte personnel et spontané du maréchal. Personne ne lui dit : L’heure est venue d’agir ; agissez. Les discussions de la Chambre l’exaspérèrent, et il écrivit seul la fameuse lettre. Mais, d’autre part, M. Daudet avoue que cet acte eut de nombreux