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Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/92

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le 16 mai.

avait une politique, il en parlait à tout propos, même à l’armée[1], par une étrange incohérence de son jugement troublé. Les ministres prenaient une attitude de combat : « Nous n’avons pas votre confiance, vous n’avez pas la nôtre », avait dit audacieusement M. de Fourtou, à la tribune de la Chambre ; on avait cru à une boutade ; c’était un programme. Partout, en province, on fermait les cercles, on saisissait les journaux ; les préfets avaient ingénieusement découvert le moyen d’éluder la loi de 1875[2]. On destituait les maires, et une pression effrontée s’exerçait sur les fonctionnaires demeurés en place. « À côté des manifestations officielles, par lesquelles on déclare vouloir rester sur le terrain constitutionnel, dit M. de Mazade[3], il se fait tout un travail poussant par degrés le gouvernement hors des voies régulières, séparant le pouvoir personnel du maréchal de la Constitution, menaçant le pays de crises nouvelles, de dissolutions réitérées, s’il ne vote pas bien. » En face de toutes ces illégalités, la majorité n’avait qu’une chose à faire : présenter à la réélection les 363 qui avaient voté contre le ministère du 16 mai.

Quant vint l’été, les conseils généraux se réunirent pour la forme, le Parlement n’ayant pas voté, pour 1878, les contributions directes que les assemblées départementales

  1. Revue du bois de Boulogne.
  2. D’un discours prononcé le 19 juillet 1883 au Sénat, par M. Martin-Feuillée, garde des sceaux (cabinet Ferry), à propos de la loi suspendant l’inamovibilité de la magistrature, il résulterait qu’en cinq mois, à l’époque du 16 mai, il y eut 2.700 poursuites de presse, plus d’un million d’amendes prononcées et 46 années de prison appliquées aux journalistes.

    Quant aux destitutions, dès les 24 et 29 mai, 127 sous-préfets et secrétaires généraux avaient été remplacés ; en deux mois, M. de Fourtou destitua 217 préfets et sous-préfets.

  3. Revue des Deux Mondes, Chronique.