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le 16 mai.

plus tard, M. Jules Grévy était proclamé Président de la République française par 563 voix sur 670 suffrages exprimés. Au moment où le résultat du vote venait de lui être apporté dans ses appartements, M. Grévy reçut la visite du maréchal de Mac Mahon. « J’ai voulu, dit l’illustre soldat, être le premier à saluer le chef de l’État. » La scène fut empreinte d’une simplicité vraiment républicaine.

M. Grévy se rendait compte des difficultés qui l’attendaient. Si la rapidité et la dignité avec lesquelles s’était accomplie de nouveau la transmission du pouvoir présidentiel, étaient de nature à impressionner favorablement l’Europe, d’autre part, l’avènement au rang suprême d’un simple avocat, sorti des rangs populaires, marquait une étape trop considérable dans la marche en avant de la démocratie française pour ne pas éveiller au dehors certaines inquiétudes et certaines susceptibilités. Avec une noble franchise, M. Grévy demanda au maréchal son appui, que celui-ci ne marchanda pas[1].

Ainsi prit fin la deuxième présidence de la République. Le régime en sortit grandi et affermi. Nul autre que le maréchal n’était capable d’accréditer la République auprès des empereurs et des rois, dont son titre, son grade et la gloire militaire qui l’environnait le faisaient presque l’égal. À l’intérieur, libéral d’instincts comme il l’avait déjà prouvé

  1. Le maréchal intervint en personne auprès de plusieurs ambassadeurs étrangers auxquels il parla de son successeur en termes particulièrement élogieux : il écrivit aussi à certains de nos représentants à l’étranger. Le marquis d’Harcourt, le comte de Saint-Vallier, le général Leflô, le comte de Vogüé, l’amiral Jaurès avaient, en effet, donné ou fait annoncer leur démission.