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Le vrai terme à employer serait donc celui d’aérothérapie qui répond à un raffinement de civilisé et non celui de nudité qui évoque l’idée d’une régression barbare. Mais, question de mots, question vaine.

Venons à l’examen de la chose en elle-même. L’homme y puise : de la force, du plaisir, du perfectionnement.

De la force, on la sent venir tout de suite. Le bien portant a à peine besoin d’accoutumance. Les effets physiologiques ont été abondamment décrits depuis deux ou trois ans. Ils se résument en ce résultat général : l’oxydation du corps, partant : la circulation activée, le sang enrichi, les tissus fortifiés, toute l’usine humaine mise à même de recevoir plus de matières premières et de les utiliser totalement. Et ce sont alors des quantités de petites misères, de petits malaises contre lesquels on est prémuni ou qui disparaissent et, en cas de maladie, l’assurance d’une convalescence hâtive, d’une réfection plus rapide.

Le plaisir est exquis. Une course dans l’herbe encore humide de rosée avec la caresse de la brise sur la poitrine et sur les bras est une des plus parfaites voluptés qui soient au monde. La nature entière semble pénétrer en vous : tous vos membres respirent à la fois. Vous éprouvez, en quelque sorte, l’œuvre chimique qui s’accomplit et la joie de vivre s’en trouve accrue jusqu’au diapason inespéré.

Le perfectionnement corporel est indéniable encore qu’il ne soit pas très facile d’en donner les motifs, scientifiquement parlant. La source, sans doute, en réside dans l’aisance assurée aux mouvements. J’indiquais, il y a neuf ans, dans la Revue olympique, qu’en entraînant, l’un vêtu, l’autre nu, deux jeunes gens de forces et de conditions égales, on arriverait très vite à établir une différenciation considérable au profit du second. L’expérience est en train de confirmer cette thèse, sinon en ce qui concerne un champion doué d’avantages exceptionnels, du moins dès qu’il s’agit de la moyenne des sujets. Tout garçon, tout jeune homme qui s’entraînera, à quelque exercice que ce soit, sans vêtements, y progressera plus vite que celui qui s’entraînera vêtu.

L’aérothérapie, plus douce que l’hydrothérapie, n’exige pas les mêmes restrictions. Nous n’irons pas jusqu’à prétendre, pourtant, qu’il faille l’aborder sans précaution aucune et qu’aucun abus n’en puisse jamais résulter. Mais, d’une façon générale, elle apparaît à la fois admirablement agissante et douée d’une singulière innocuité. Les difficultés qui s’opposent volontiers à sa diffusion sont d’un ordre tel qu’il appartient à l’opi-