Page:Coubertin - Mémoires olympiques, 1931.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
mémoires olympiques

cles « intellectuels » susceptibles d’y prêter attention.

Lorsque le jury du Concours de l’Olympie moderne, présidé par M. Th. Homolle, ancien directeur de l’École d’Athènes et maintenant directeur des musées nationaux français, eut décerné le prix au très beau projet de deux architectes vaudois, MM. Eugène Monod et A. Laverrière, une fête fut donnée par le C.I.O. en l’honneur des lauréats ; fête originale et, je puis dire, la plus belle au point de vue eurythmique à laquelle j’aie jamais assisté. Elle eut lieu la nuit, dans la cour de la Sorbonne, qu’emplissaient, malgré le temps menaçant, deux mille invités. Derrière des bosquets artificiels se dissimulaient un orchestre et des chœurs. La cour était plongée dans l’obscurité. Des jeux de lumière très étudiés permettaient sous le péristyle des alternances et des colorations diverses. Le programme musical, les mouvements de cent gymnastes porteurs de torches et de palmes, qui faisaient fonctions de figurants et des seize éphèbes demi-nus, dont les exercices silencieux occupaient l’esplanade s’étendant devant la chapelle de Richelieu, tout cela visait à maintenir une harmonie constante de sons, de lumière, de silences, de silhouettes… La beauté architecturale du décor y aidait grandement. L’intermède d’escrime moyen-âgeuse et moderne à la fois, le petit cortège de vielles et de cornemuses accompagnant le « Pas d’armes du roi Jean », de Saint-Saëns, les danses féminines helléniques, enfin la représentation du charmant à-propos écrit par Maurice Pottecher, « Le philosophe et les athlètes » dans lequel s’encastrait une passe de vraie lutte, tout cela se succéda jusqu’au moment où dans les combles du monument, au pied du dôme, s’allumèrent les flammes de bengale, tandis que des chœurs