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mémoires olympiques

Du point de vue sportif, elle apparaissait tellement favorisée par la nature et les circonstances ataviques et autres que l’on ne concevait pas sa lenteur à en profiter. « La Suisse, reine des sports » est le titre d’un article paru dans la Revue Olympique de novembre 1906 et qui, rétrospectivement, prend une allure un peu prophétique bien que la prophétie ne soit pas encore totalement accomplie.

Un tel pays était prédestiné à jouer un rôle olympique considérable, mais il fallait l’en convaincre. Et ce n’est pas faire à ses fils une injure que de leur rappeler qu’on n’obtient facilement d’eux que ce qu’ils veulent bien donner. Notre collègue suisse Godefroy de Blonay en savait quelque chose, lui, qui dépensa une longue patience à édifier un comité olympique national sur les aspérités d’un soubassement cantonal, souvent rebelle à ce genre de constructions.

Mais je n’écris pas ici une étude sur la Suisse. En rédigeant mon Histoire universelle, j’ai pu dire en toute sincérité mon admiration pour elle. Ici, je voulais seulement rappeler comment, désirant faire la conquête de la Suisse, je commençai par Lausanne et pourquoi, cherchant à conquérir Lausanne, j’eus recours au stratagème d’un congrès scientifique.

Lausanne, qui fut à plusieurs reprises dans le passé une ville internationale depuis le jour où le pape y vint poser la couronne impériale sur le front de Rodolphe de Habsbourg, Lausanne, au début du XXe siècle, chômait quelque peu à cet égard. On y consultait des médecins célèbres, on s’y arrêtait avec plaisir au passage, certains même s’y attardaient en lézards heureux, mais elle n’avait pas de rôle défini à jouer. Son université, ré-