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mémoires olympiques

cette fois-là que la prochaine Olympiade serait célébrée en Amérique, mais l’initiative de Chicago s’esquissait à peine. La demande officielle n’avait pas été formulée et, par conséquent, aucun vote n’était intervenu. Sloane ne s’était pas contenté d’appuyer sur cette particularité de la circonstance présente. Il avait généralisé la question et, sans même m’en parler d’avance, saisi le C.I.O. d’une proposition de modification des statuts déclarant qu’une présidence stable et prolongée de dix années était à son avis le seul moyen de rendre l’œuvre olympique forte et féconde et qu’en conséquent, il se refusait à me remplacer. L’adhésion unanime de nos collègues m’eût obligé à céder si même, en ces temps difficiles, je n’avais pas senti la vérité et la vigueur des arguments présentés. Ainsi s’établit la « monarchie olympique », comme certains l’ont appelée. Il est piquant qu’elle soit née de l’intervention d’un citoyen de la plus démocratique des républiques. Ma présidence se trouva donc prolongée jusqu’en 1907. Réélu alors, puis de nouveau en 1917, mon mandat ne prendrait fin qu’en 1927. Mais comme j’avais résolu de me retirer après les Jeux de 1924, il fut décidé par mes collègues que mon successeur serait élu pour la durée de deux Olympiades, c’est-à-dire pour huit années, sa présidence comptant à partir de son entrée en fonctions. 1925 serait ainsi une date favorable, un an après les Jeux, trois ans avant les Jeux suivants ; c’est pourquoi j’acceptai de demeurer à mon poste jusqu’à cette année-là.