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que n’ont pas fonctionné comme il eût fallu. Ma foi, c’est assez humain. Aussi les organisateurs devraient-ils se préoccuper davantage de ces trois points. Seulement leurs relations avec les destins ultimes de l’olympisme apparaissent distantes et indirectes ! Celui-ci demeure assis sur des fondations solides en face d’horizons vastes. C’est pourquoi le flambeau éteint ici se rallumera là ; le vent du moment suffira à en faire courir la flamme autour du globe.

On estimera peut-être que ces propos sont inspirés par l’orgueil. Mais si j’ai une haute opinion et une grande fierté de l’œuvre qu’il m’a été donné d’accomplir, je ne m’y reconnais aucun mérite. Le mérite commence là où l’individu obligé de lutter contre lui-même ou contre des circonstances par trop défavorables remporte des victoires sur son propre tempérament et, comme on dit, parvient à « dompter la fortune ». Favorisé par le sort à bien des égards, sans cesse maintenu en face de ma tâche par une sorte de force interne à laquelle il m’est même advenu de chercher vainement à échapper, je ne compte point de telles victoires à mon crédit.

Voilà donc l’esprit dans lequel j’ai écrit les Mémoires qu’on vient de lire. Il y avait deux méthodes : ou bien habiller le sujet, le couper d’anecdotes, émailler le récit de hors-d’œuvres distrayants au risque de modifier quelque peu l’aspect rétrospectif des choses, ou bien s’en tenir aux faits en respectant leur valeur proportionnelle et leur strict enchaînement naturel. Cette seconde méthode m’obligeait à multiplier fastidieusement les je et les moi. Mais elle était la seule exacte et la plus sincère. En l’adoptant, je me suis proposé par ailleurs de ne laisser de côté rien d’essentiel et surtout de n’oublier personne par-