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mémoires olympiques

net hostile. Cependant, au cours de deux longues conversations, j’avais acquis la conviction qu’il était résolument de notre côté. Après une enquête sur les ressources sportives d’Athènes, les terrains, la main-d’œuvre, je mis sur pied un projet de budget assez modeste, mais qui me semblait suffisant. Je crois, n’en ayant plus le tableau sous les yeux, qu’il devait se monter à 250.000 drachmes. Dans le Stade, bien entendu, il n’était prévu que des gradins en bois.

J’allai alors revoir M. Tricoupis et lui dire mon impression favorable. On l’y avait préparé. Il ne fit point d’objection, mais refusa la participation gouvernementale. Je lui demandai une « neutralité bienveillante ». Il la promit… non sans restriction mentale, sans doute. Je requis ensuite une salle au Zappeion qu’on ne pouvait me refuser.

Avec mes amis, dont la phalange grossissait, nous confectionnâmes des lettres de convocation à une séance qui se tint dès le 12 novembre et où l’assistance fut assez nombreuse. Heureusement j’avais déjà l’habitude de ces sortes d’assemblées imprécises qu’il faut tour à tour flatter, endormir et brusquer. Un Comité sortit de là dont le patronage préalablement obtenu du prince royal, avait empêché qu’on osât discuter le principe. Le colonel Mano, M. E. Scouloudis, député, ancien ministre, le commandant Soutzo, chef d’escadron de cavalerie, et M. Retzinas, maire du Pirée, furent élus vice-présidents ; M. Paul Skousés, trésorier ; MM. A. Mercati et G. Melas, secrétaires. La date des Jeux fut fixée du 5 au 15 avril 1896. Nous aurions, cette année-là, la chance d’une coïncidence de la Pâques grecque avec la Pâques occidentale. Le programme que j’avais apporté de Paris fut adopté.