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mémoires olympiques

Jeux d’y avoir grandement contribué et d’avoir servi de paravent à la préparation de cette belliqueuse initiative en groupant à Athènes pour des pourparlers exaltés des délégations des colonies grecques du dehors. Il n’y eut pas grande part de vérité dans ces accusations. Tout au plus peut-on dire que les fêtes hâtèrent un peu un mouvement antérieurement préparé par la force même des choses. Ce n’était pas la première fois que les Crétois revendiquaient les armes à la main leur liberté. Et leur cause avait pour elle toute la force qu’apporte la justice puisque malgré la défaite écrasante que subirent cette fois-là les armes grecques, il en résulta quand même une amélioration dans la situation crétoise et l’instauration d’un régime qui préparait l’autonomie complète et la future réunion à la Grèce.

Quoi qu’il en soit, ces conséquences politiques ne devaient pas rendre les gouvernements européens très favorables à l’olympisme rénové. Le rôle du C.I.O. ne s’en trouvait pas facilité : le mien surtout. La deuxième Olympiade s’annonçait mal. Mes collaborateurs décontenancés, l’opinion hellénique tout entière dressée contre l’exécution du plan « circulatoire »…, j’étais plus solitaire qu’auparavant et réduit, plus encore qu’au temps où je préparais les congrès de 1894, à ne compter que sur soi-même.

Il fallait avant tout tenir tête au roi, dont le discours prononcé au banquet final, où assistaient tous les athlètes, m’avait placé en face du dilemme fameux : se soumettre ou se démettre. J’étais d’ores et déjà décidé à ne faire ni l’un ni l’autre. Mais, d’autre part, la résistance en une semblable circonstance n’était guère aisée. Je me décidai à faire l’imbécile, l’homme qui ne comprend pas. J’affectai d’ignorer le discours royal