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Page:Coubertin - Mémoires olympiques, 1931.djvu/56

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mémoires olympiques

Cependant le temps continuait de passer. Rien ne sortait de terre… ni des bureaux, sinon des sous-commissions nouvelles et de copieux règlements. Vincennes était abandonné ; pas d’argent, ni stade, ni terrains. De même qu’on priait les membres du C.I.O. d’entrer dans les jurys, on finit par s’adresser aux sociétés pour obtenir leur appui direct et le prêt de leurs terrains, et notamment au Racing-Club pour la journée des sports athlétiques. C’était bien la peine de répudier furieusement mon projet de 1898 en le déclarant « mesquin et indigne de la nation ».

Les championnats de course à pied, sauts, lancers… eurent donc lieu au Bois de Boulogne le 19 juillet 1900, sous ma présidence et la présidence d’honneur du ministre du Commerce, M. Alexandre Millerand, qui passa l’après-midi avec nous et s’intéressa aux exploits des athlètes, mais que je m’abstins de mettre au courant de ce qui s’était passé, tant il y paraissait étranger. La plupart des hommes politiques d’alors partageaient l’opinion de l’universitaire que je citais ; le sport n’était pour eux qu’un hors-d’œuvre qu’il fallait apprécier à titre secondaire comme tout amusement sain. Mais le jeu de boules ne leur semblait pas, à cet égard, différer sensiblement du foot-ball. Quant à l’olympisme, ils n’y voyaient qu’un néologisme excentrique et superflu. Six ans plus tard, au cours d’un banquet, ce mot amenait encore un sourire dédaigneux et incrédule sur les lèvres du ministre… qui l’était encore récemment mais doit avoir changé d’avis.

Des autres concours de 1900, je n’ai rien à dire ici. Il s’y dépensa beaucoup de bon vouloir. Les sportifs firent de leur mieux. Des résultats intéressants, mais n’ayant rien d’olympique, furent notés. Selon l’expression d’un de nos collègues,