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l’enseignement des langues

vante. Elle a ressuscité comme la Grèce elle-même ; elle s’est peu à peu épurée de tout ce que la conquête et l’esclavage y avaient mêlé de poussières et de scories. Périclès, s’il se promenait aujourd’hui dans Athènes, aurait peut-être quelque peine à se faire comprendre, mais il lirait l’Asty sans difficulté. La chose aura forcément des conséquences, ne fut-ce qu’au point de vue de la méthode : une langue vivante s’apprend autrement qu’une langue morte : il y a plus de façons de l’aborder, partant plus de chances d’y réussir.

L’utilité de posséder plusieurs langues vivantes est indiscutable : on ne peut nier d’autre part qu’il n’y ait avantage à savoir le plus possible de grec et de latin. Mais ces connaissances ne sont point liées à celles du monde moderne ou du monde antique. Nous sommes toujours portés à croire que quiconque parle couramment l’anglais est admirablement renseigné sur tout ce qui concerne l’Angleterre et si, d’aventure, un occidental parle russe, nous l’imaginons ferré sur tous les problèmes slaves ; quant au jardin des racines grecques, il nous a paru, longtemps, mener tout droit au génie de Phidias. Ce sont là des habitudes d’esprit déjà anciennes. Quand on en aura reconnu le carac-