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Page:Coubertin - Notes sur l education publique, 1901.djvu/151

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le sport à travers les âges

rable. Là encore, l’instinct sportif s’affirme. Les sentiments et les idées qui servirent d’assises à la chevalerie se modifièrent assez rapidement sous l’action des circonstances, mais en eût-il été autrement que l’athlétisme du moyen âge n’y aurait pas puisé de quoi fournir une si longue carrière. La force impulsive d’une idée, d’un sentiment survit rarement à la seconde génération. Un instinct au contraire, dès qu’il est puissamment éveillé et suffisamment répandu, a la vie dure et sa résistance est longue.

La grande infériorité des sports de cette époque vint de leur caractère aristocratique et coûteux, jalousement maintenu d’ailleurs par les princes et les seigneurs. Une ordonnance d’Édouard iii d’Angleterre défendit sous peine de mort au peuple anglais de se livrer à d’autres exercices que celui du tir à l’arc. En 1369, Charles v de France, lui-même grand amateur de paume[1] en interdit la pratique à ses sujets. De Charles v à François ier, les édits prohibitifs furent souvent renouvelés. Le roi et les

  1. Il avait fait construire, pour lui-même, deux jeux, l’un au Louvre, l’autre dans les dépendances de l’hôtel Saint-Paul. Les jeux de paume qui dans le principe ne furent pas couverts (le premier jeu couvert fut bâti au Louvre par François ier) étaient nombreux dans Paris ; on les appelait des tripots.