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Page:Coubertin - Notes sur l education publique, 1901.djvu/153

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le sport à travers les âges

quiétantes. Tant que le jeune chevalier fut animé par une foi robuste et une charité ardente, tant que son idéal fut la « défense des faibles » ou la conquête de la Terre Sainte, l’Église qui avait grandement contribué à armer son bras suivit avec sympathie son entraînement et bénit sa vaillance. Mais lorsque ces formules furent devenues vaines, lorsque les tournois, en se transformant, eurent apporté dans l’existence du jeune noble un élément mondain et romanesque, elle se souvint de cette source de péché que l’Écriture Sainte appelle d’un nom si suggestif : l’orgueil de la vie.

Ces mots ne sont pas seulement applicables au sport : ils le définissent, ils l’expliquent, ils l’éclairent d’une clarté effrayante pour les pieux chrétiens, tentés de prendre au pied de la lettre le texte sacré. Aujourd’hui, le nombre de ceux-là a singulièrement diminué. Si l’humilité compte encore au nombre des vertus qui gagnent le ciel, il est depuis longtemps reconnu qu’elle ne gagne pas la terre et nul ne souhaite de la voir pratiquer par ses fils : je parle de la véritable humilité et non de cette qualité charmante qu’on nomme la modestie. Mais, en ces jours lointains où l’univers n’offrait point en-