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notes sur l’éducation publique

ment supérieurs aux autres : cela serait absurde. Quand Bourget a écrit que le mariage de la haute culture et des violents exercices physiques était « fécond en splendeurs viriles », c’est du caractère qu’il a voulu parler et non de l’intelligence. Sans doute, l’exercice physique éclaircit le cerveau en fournissant au travail cérébral un utile contrepoids, mais pourquoi et comment ferait-il davantage ? Restituer aux muscles, dans l’équilibre humain, leur rôle trop longtemps méconnu, ce n’est pas les égaler à la pensée dont ils doivent rester les humbles serviteurs. En réponse aux exagérations d’un publiciste qui s’inquiétait naguère de faire rendre « au muscle, les honneurs souverains », il n’est peut-être pas mauvais de rappeler, en passant, que les honneurs souverains ne sont dus qu’à l’Esprit.

Mais la constatation de ce fait que les sportifs sont le plus souvent des gens occupés, ne nous entraîne pas si loin : il s’agit ici d’employés, d’hommes ayant une carrière, une profession, parfois même exerçant un métier manuel : ces derniers ne sont pas les moins ardents. En Angleterre, les soldats consacrent volontiers au sport leurs heures de récréation ; de nombreux ouvriers, mineurs ou autres, en font