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la psychologie du sport

fera jour. Son état physiologique est alors modifié ; une sorte de classement des muscles s’est opéré : ceux qui ont un rôle déterminé à jouer demeurent en action ; les autres, inutiles et qui, par leur zèle ignorant, ne faisaient d’abord que gêner la manœuvre, retombent au repos : la résistance de l’eau s’affaiblit graduellement et l’entraînement, bientôt, la réduira à un minimum. Quel est alors « l’état d’âme » du rameur ? Quelle est la source du plaisir qu’il éprouve ? Ce plaisir réside presque exclusivement dans l’harmonie mécanique qui s’établit entre lui et son bateau, dans le rythme qui règle sa nage, dans la régularité absolue de l’effort, dans la proportionnalité heureuse de la dépense de force avec l’effet obtenu. L’homme devient une machine, mais une machine qui continue de penser et de vouloir et qui sent la vigueur se produire en elle, se condenser et s’échapper avec la même précision mathématique que s’il s’agissait de vapeur ou d’électricité. Il y a là une sensation saine à coup sûr et d’une extraordinaire puissance ; on s’en grise parfois. Tout rameur a éprouvé cela et se souvient comme de réveils désagréables, des légers accrocs qui interrompent son rythme, troublent l’harmonie de sa course : une pelle d’aviron prise