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la gymnastique

aussi anxieuses de la réaliser que les autres se montrent jalouses de maintenir leur indépendance.

Il est visible que les premières sont le produit d’un instinct, tandis que les secondes résultent de la recherche d’une doctrine. De là ces tendances décentralisatrices des unes et centralisatrices des autres. On en peut conclure qu’au besoin, la gymnastique s’accommoderait d’une organisation d’État, à laquelle le sport répugne et ainsi se silhouette la philosophie de cette dispute, qui tout à l’heure semblait un peu mesquine et de nature à provoquer les dédaigneux sourires des hommes graves. La question est d’un ordre plus élevé qu’il ne paraît, car ces formes d’activité physique symbolisent les deux tendances politiques et sociales qui se partagent, plus que jamais, le monde civilisé. L’une laisse le citoyen libre de disposer de lui-même, au mieux de ses intérêts personnels ; l’autre vise à endiguer son activité, à la limiter, à la diriger de façon qu’elle serve à la réalisation d’un vaste plan gouvernemental. Le « civium vires, civitatis vis » des anciens peut, en effet, s’entendre des deux façons. Que l’État consacre, en en profitant, les résultats obtenus par l’individu ou bien qu’il convie l’individu à exécuter l’œuvre