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notes sur l’éducation publique

assez facilement un joujou pour l’adolescent et un oreiller de paresse pour le maître : et il n’y a pas de motif pour que cela ne soit pas vrai du vieux monde aussi bien que du nouveau. Je ne songe pas, bien entendu, à englober dans une telle suspicion de véritables écoles militaires comme, par exemple, le Prytanée de La Flèche (France) ou les écoles d’enfants de troupe ; là le militarisme n’est pas en façade : il est sérieux, rationnel ; il vise à former de futurs soldats : mais je songe à ces écoles où les tambours, les épaulettes, les ceinturons, les uniformes, au lieu d’être des accessoires, deviennent le principal, où les témoignages accordés aux meilleurs élèves revêtent la forme de galons cousus sur les manches et de promotions de caporaux et de brigadiers, où l’on échange un mot de passe, où l’on fait l’appel, la parade, le salut militaire C’est tout cet extérieur de la vie du soldat, appliqué à la jeunesse, qui constitue pour elle un amusement sans portée et, pour ceux qui la dirigent, un redoutable encouragement au statu quo. La discipline militaire, surtout quand elle s’en tient aux formes et ne répond pas à une nécessité patriotique, est, de toutes, la plus facile à exercer. La tentation est toujours grande pour l’homme