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Page:Coubertin - Notes sur l education publique, 1901.djvu/23

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l’état et la famille

ment impressionné l’humanité ; depuis son temps la famille et l’État représentent deux forces irréconciliables qui s’arrachent l’enfant et ne sauraient, par conséquent, collaborer pacifiquement à son éducation. Nous négligeons de nous apercevoir que le tyran Spartiate avait abordé le problème pédagogique par un de ses petits côtés et l’avait conçu de façon fort étroite. Il est vrai qu’il a eu des successeurs. Le monde a vu à l’œuvre, après lui, plusieurs Lycurgues — des grands et des petits — qui ont naturellement ajouté à la force de son exemple ; le temps seul a manqué à quelques-uns d’entre eux pour remettre ses doctrines en honneur : on devine l’usage qu’en aurait fait le Comité de Salut public si ses membres avaient eu le loisir de réorganiser l’éducation. Toutes les fois que le pouvoir sera entre les mains d’un groupe de terroristes ou d’un chef militaire assoiffé de gloire et de conquêtes, l’antinomie spartiate renaîtra ; les droits de la famille seront violés pour satisfaire aux prétentions de l’État : au lieu de songer à faire des citoyens, on ne se préoccupera que de former des esclaves et des soldats.

Mais ce sont là des conditions exceptionnelles et passagères, auxquelles on ne saurait comparer