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Page:Coubertin - Notes sur l education publique, 1901.djvu/256

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notes sur l’éducation publique

grands problèmes de la destinée humaine. Sinon pour eux-mêmes, du moins pour les enfants qui grandissent autour d’eux et auxquels ils sentent le besoin d’assurer une direction morale. Je ne parle pas, bien entendu, de ces associations conjugales que le souci de la richesse et des hiérarchies mondaines préoccupe exclusivement, mais de ceux qui veulent vivre une vie naturelle et normale. Que même parmi ceux-là, le fait signalé soit encore exceptionnel, peu importe ; il n’en constitue pas moins une innovation suggestive. Jadis, la religion — qu’on me passe une image triviale — ne se fabriquait pas ainsi, à domicile : les prêtres la préparaient et la distribuaient ; on ne s’adressait qu’à eux et il n’y avait pas d’autre moyen de demeurer indépendant que de s’abstenir de leur contact et de s’enfermer dans l’indifférence… Parfois, une sorte de compromis tacite se scellait au foyer, la mère conservant ses attaches cléricales, le père les ignorant volontairement. Il est curieux de noter que des esprits pénétrés de l’importance de la religion, se prennent à regretter la disparition d’un état de choses propre, peut-être, à entretenir certaines habitudes formalistes, mais si peu favorable au progrès spirituel des âmes.