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l’enseignement moral

du Bien et précise comme l’idée de Patrie ; nul doute qu’elle ne puisse se prêter à des développements suggestifs dans la bouche d’un professeur de morale ; malheureusement, les faits se chargeraient, aux yeux des élèves, de démentir quotidiennement les préceptes exposés. Si les institutions charitables ont réalisé des progrès magnifiques, la morale publique n’en est pas moins très loin d’être basée sur le respect et sur l’intérêt de l’humanité en général, et voici même qu’une sorte de recrudescence d’égoïsme national se manifeste de tous côtés, en économie politique aussi bien qu’en religion. Quelle force aurait, sur de jeunes esprits, une théorie que l’exemple du monde entier combat incessamment ? Pour enseigner efficacement une morale dont la formule n’est point encore acceptée ou, du moins, mise en pratique par les peuples civilisés, il faudrait l’enseigner au point de vue révolutionnaire, c’est-à-dire avec l’intention avérée de préparer les futurs soldats d’une révolution jugée nécessaire ; aucun gouvernement ne saurait tolérer pareille entreprise.

Ainsi, le penseur impartial verra s’effriter une à une les bases éventuelles de la morale laïque, et force lui sera de reconnaître que