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notes sur l’éducation publique

rapprochement et l’entente. La femme, avons-nous dit, est, avant tout, la compagne de l’homme ; mais qui dit compagne, aujourd’hui, dit associée. L’homme ne veut ni d’une servante ni d’une rivale : si même il ne se rend pas compte de ses besoins nouveaux, à cet égard, il est certain qu’il les ressent inconsciemment ; ce sont les conditions de la vie moderne, les gains successifs de la civilisation qui les lui font éprouver. Or, après lui avoir fourni des servantes, voici qu’on travaille à lui créer des rivales ; mais qui donc pense à lui préparer des associées ?

Il faut laisser à l’ouragan féministe le temps de passer, car la fougueuse ardeur de quelques apôtres en a décidément fait un ouragan[1], qui

  1. Bien que m’étant constamment abstenu d’émailler ce livre de citations, je ne puis résister au désir de copier ce passage d’une lettre de Mme Clémence Royer, qui me tombe sous les yeux, tandis que je rédige le présent chapitre : « Le mariage, avec la filiation en ligne masculine, a pour condition l’emprisonnement de la femme dans le harem comme celui des cavales dans l’écurie ; encore faut-il que les palefreniers soient eunuques. » Et pour détruire ce fâcheux état de choses, Mme Clémence Royer pense qu’il faudra « l’incendie général de tout ce qui a été écrit depuis que l’écriture a été inventée ». Quand on lit sous une signature, d’ailleurs si éminente, une pareille lettre, on a le droit de parler d’ouragan et de croire qu’il sera passager.