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l’état et la famille

exemple, à l’heure actuelle, on doit redouter quelque amollissement, en Allemagne ou en Scandinavie les mêmes craintes seraient superflues. Ce n’est pas contre ce qu’il pouvait y avoir de rude dans l’éducation d’hier, que la réaction s’opère ; c’est contre la méfiance injustifiée qui lui servait de base.

Que donnera cette double tendance de l’État et de la famille à se partager l’éducation ? Si elle devait être passagère, il serait superflu de rechercher en quoi elle se rattache au mouvement démocratique et en dépend. L’État, à vrai dire, ne rétrograde pas aisément. Ce qu’il a pris, il le restitue rarement : à plus forte raison lorsqu’il s’agit, non d’une conquête violente, mais d’une annexion progressive et consentie sans trop de résistance. Quant à la famille, elle est plus changeante, plus influençable. Ne peut-elle se lasser d’une tâche ardue et s’en décharger de nouveau — mais sur l’État cette fois — comme jadis elle s’en était déchargée sur l’Église ? Je ne le crois pas. Si la tâche est ardue, elle est captivante aussi et ce n’est pas volontairement que la famille y avait renoncé ; c’est sous l’influence de scrupules reli-