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l’art dans l’éducation

savent déjà indiquer les dates dans l’histoire et les traces sur la mappemonde, et la chose prendra à leurs yeux un aspect concret ; le lien entre le génie d’un peuple et son art leur deviendra compréhensible. Il en résultera, bien entendu, des clartés générales. La Grèce, avons-nous dit déjà, est plus explicable par ses monuments, ses sculptures, sa musique et son théâtre que par les institutions politiques de ses États ou les querelles intestines de ses citoyens. Il est si facile et si évidemment utile de mêler l’art aux études historiques qu’on s’étonne d’avoir encore à le réclamer.

Cet enseignement ne comporte point d’exceptions ; ceux-là mêmes qu’un sort cruel condamne à demeurer insensibles devant l’Hermès de Praxitèle ou la « Ronde de Nuit » de Rembrandt, devant Saint-Pierre de Rome ou Notre-Dame de Paris, doivent pourtant savoir pourquoi le monde en fut remué. Mais il y a, en outre, des privilégiés, auxquels la pédagogie doit songer ; ce sont ceux qui peuvent sentir l’art. Elle s’efforce de le faire comprendre à tous : elle doit donner à quelques-uns l’occasion de le sentir, et il faut encore qu’elle encourage les timides essais des agissants, de ceux qui, déjà, cherchent à exprimer ce qu’ils