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notes sur l’éducation publique

semblable à nous, susceptible de nous connaître et de nous comprendre mais ne possédant encore sur le monde que nous habitons, d’autres notions que celles, toutes superficielles, qu’il a pu acquérir par un premier regard, jeté autour de lui. C’est à peu près l’état dans lequel se trouve l’adolescent que nous cherchons à former ; seulement, si le but à atteindre est le même dans l’un et l’autre cas, nous nous sentons vis-à-vis de l’un de ces deux êtres plus libres de préjugés et de traditions, plus dégagés de l’héritage pédagogique que nous ne le sommes vis-à-vis de l’autre ; de là l’utilité d’une pareille hypothèse.

Pour ce disciple inattendu, faudra-t-il établir une classification, une hiérarchie des sciences ? Faudra-t-il déterminer leurs préséances respectives ? Ce n’est pas d’hier qu’on y travaille, mais sans grand succès. Lui pourtant, si nous l’interrogeons, aiguillera nos efforts dans une direction différente. Que lui importe l’ordre logique des connaissances ? Ce qui le frappe ce sont des faits. « Enseignez-moi, dira-t-il, ce qui concerne la terre sur laquelle je me trouve et contez-moi les actions de vos semblables ; je veux savoir comment ils ont vécu et ce qu’ils ont créé ».