La rapidité des communications et la densité de la population (déjà énorme dans certains États d’Europe) sont les deux facteurs qui nous obligent à considérer notre époque comme une époque véritablement nouvelle à laquelle, sur bien des points, l’expérience du passé peut venir en aide, qui ne doit pas pourtant y chercher des règles de conduite trop strictes ; car des faits matériels sont survenus qui ont changé les habitudes, influent sur les formules sociales, dressent des problèmes nouveaux et rendront peut-être réalisable demain l’utopie d’hier. Tracez sur la mappemonde le réseau de la télégraphie sous-marine et celui des voies ferrées continentales ; calculez approximativement le nombre des voyageurs qui circulent sur l’un de ces réseaux, le nombre des mots que transmet l’autre et vous aurez l’impression très nette que l’homme a véritablement « corrigé » la terre, qu’il a tourné ou dominé les obstacles que lui opposaient le relief, la distance, le climat… et ce ne sont point des lignes fictives qu’il a dessinées de la sorte, mais des lignes réelles, tangibles. De quel droit les ignorer ? Au temps où M. Thiers, premier ministre du roi Louis-Philippe, s’écriait, aux applaudissements de la Chambre française : « Pensez-vous