Page:Coubertin - Pages d’histoire contemporaine.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
173
l’angleterre nouvelle

que recueillent les étrangers, principalement les Français, mais non pas eux seuls. On les écoute, on les louange, on cite leurs paroles, on s’inspire de leurs exemples, on leur découvre une quantité de talents ; ils ne furent jamais à pareille fête.

L’Angleterre est-elle donc entrée définitivement dans le cercle des grandes puissances européennes, décidée à y nouer des alliances, à y suivre une politique fixe, à s’y lier par les mille attaches d’une collaboration régulière ? Cela se répète couramment au dehors et beaucoup d’Anglais eux-mêmes s’en montrent convaincus. Le fait aurait, bien entendu, une importance capitale non pas seulement parce qu’il dérangerait le jeu des combinaisons continentales tel que l’Europe s’est accoutumée à le pratiquer, mais parce qu’il introduirait dans ces combinaisons un élément nouveau. La configuration de ses domaines autant que sa constitution sociale ont donné au peuple anglais une conception de la civilisation et de la morale très différente de celle qu’en ont les autres peuples.

Je crois qu’il serait imprudent de compter sur la permanence de l’action internationale de l’Angleterre, par la raison que celle-ci n’est pas libre ; sa politique extérieure dépend de ses intérêts impériaux ; il lui est impossible de renier son rôle, de renoncer à la direction de l’empire ; s’y soustraire, ce serait abdiquer et le poste abandonné par elle serait aussitôt occupé par les États-Unis. Des circonstances peuvent se rencontrer — c’est le cas en ce moment — qui favorisent les tendances nouvelles des Anglais à se mêler plus intimement à la vie des autres nations mais cet état de choses reste soumis aux fluctuations des exigences impériales.

La même observation ne s’applique pas à l’évolution des formes du pouvoir, précisément parce que cette évolution s’opère en conformité de ce que réclament le développement