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des états-unis

le Texas s’annexa de lui-même, après un vain essai d’indépendance. L’œuvre se compléta par la force. Les États-Unis abattirent le Mexique ; leurs armées s’emparèrent de Monterey et de Vera-Cruz et campèrent dans Mexico ; la guerre dura deux ans, coûta 25 000 hommes et 800 millions de francs, mais elle se termina par le traité de Guadalupe-Hidalgo (1848) ; la sage république de Washington était devenue, en cinquante ans, l’une des trois plus grandes puissances territoriales de l’univers. Qu’allait-elle poursuivre maintenant ?

Dès 1822 elle avait esquissé les lignes principales de son action future. Sur la proposition du chef de l’État et malgré les protestations indignées de l’ambassadeur d’Espagne, le Congrès, cette année-là, avait solennellement reconnu, avant même qu’elle existât en fait, la souveraineté des communautés espagnoles de l’Amérique du Sud révoltées contre la mère patrie, et cette reconnaissance avait revêtu le caractère d’une manifestation nettement antieuropéenne. L’année d’après, le président Monroe, commentant l’événement, avait formulé la thèse fameuse qui porte son nom et qui resta si longtemps la charte fondamentale de la politique américaine. On a beaucoup épilogué sur ce document ; il faut épiloguer en effet pour y trouver quelque obscurité : il affirme, avec une netteté soulignée par l’acte auquel il servait de corollaire, la volonté, sinon le droit, pour les États-Unis de s’ériger en protecteurs de tous les États américains et d’intervenir à toute occasion entre eux et l’Europe. La guerre de Sécession et la longue crise qui la précéda empêchèrent seules cette politique de s’affirmer dans la pratique et de se traduire par des faits. Encore, à peine la paix rétablie, vit-on le cabinet de Washington exiger l’évacuation du Mexique par les troupes françaises, avec une énergie où il entrait plus de souci de préserver la république et l’indépendance mexicaines que de rancune contre Napoléon iii pour son offre maladroite de médiation entre le Nord et le Sud. Ce pressant péril écarté, il fallut réparer les maux causés par la guerre civile ; de grands