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LA RÉCOMPENSE


18 septembre 1905.

De quelque côté de l’Europe que se tournent aujourd’hui les regards, ils se posent sur des peuples inquiets, ils ne rencontrent qu’agitation et malaise. La Russie, après une lutte formidable, voyant, à l’intérieur, le mouvement révolutionnaire compromettre la stabilité de ses institutions, — l’Allemagne acculée par l’évolution des concurrences mondiales à de difficiles entreprises et hésitant sur la route à suivre, — l’Autriche menacée de désagrégation et voyant empirer de jour en jour son malentendu avec la Hongrie, — les nations Scandinaves, longtemps paisibles, ébranlées maintenant par la rupture d’une union si favorable à leurs intérêts collectifs, — l’Italie, prospère assurément, mais fortement travaillée par des éléments subversifs dont la formation désormais inévitable d’un puissant parti constitutionnel clérical ne manquera pas d’attiser les ardeurs, — l’Espagne cherchant en vain sur quelles bases asseoir l’œuvre de réfection nationale qui la consolera de ses infortunes et guérira ses blessures, — la France enfin, insoucieuse de sa fortune rétablie et prompte à en dilapider les réserves dans la poursuite des plus folles et coûteuses chimères… voilà le spectacle qu’offre à cette heure le vieux monde. Un pays — un seul — se détache en force sur les lignes de cet horizon brouillé. Sa silhouette robuste donne une impression de sécurité et de sérénité ; ses mouvements témoignent d’une belle ci tranquille confiance en l’avenir ;