Page:Coubertin - Pages d’histoire contemporaine.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
257
l’erreur initiale

porter la main qu’avec d’infinies précautions et seulement lorsqu’une nécessité inéluctable obligerait de le tenter. Or, nul n’oserait prétendre qu’une telle nécessité ait surgi. C’est brutalement en tous les cas et avec un désir non équivoque de tout « chambarder » que d’imprudents républicains s’en sont pris à l’armée.

La valeur du Concordat semblait moins évidente ; sa fragilité un peu vermoulue pouvait inciter à le démolir les amateurs de constructions nouvelles. Certes on ne saurait nier qu’il ait procuré à la France tout un siècle de paix religieuse, dans des conditions plus onéreuses pour l’Église que pour l’État. Mais, après tout, le Concordat ne constituait qu’un règlement intérieur d’administration ecclésiastique ; un règlement nouveau basé sur des principes tout à fait différents pouvait lui être substitué sans que l’on dût pour cela mettre fin avec le Saint-Siège à des rapports que les gouvernements hérétiques, schismatiques, neutres jugent utile de nouer, d’entretenir ou de fortifier.

Il peut sembler inopportun de parler d’entraves à l’expansion du mutualisme alors que des manifestations récentes ont établi non seulement de quelles forces considérables il dispose, mais encore de quelle bienveillance les pouvoirs publics envisagent ses progrès. Et pourtant la question capitale autour de laquelle tourne le mutualisme n’est plus à résoudre ; elle est déjà résolue et contre lui. On pouvait, en effet, lui confier la solution de bien des problèmes sociaux — celui des retraites, par exemple — et par là éluder tout recours aux solutions plus ou moins révolutionnaires préconisées par les socialistes. Mais ces derniers ont été assez habiles et assez influents pour imposer les éléments d’une législation coercitive et uniforme dont il est immanquable que le développement ultérieur vienne contrecarrer les entreprises mutualistes. Par l’étendue du dommage il sera aisé de mesurer alors celui de la faute !

La réforme de l’éducation, c’est le carrefour de toute notre civilisation. Étrange cité ! les boulevards ont beau sembler concentriques avec leur belle ordonnance architec-