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terre de californie

circulant pour ainsi dire à fleur d’humanité le don précieux qui fait les peuples-rois, l’instinct de la beauté. Non, ce ne sera pas pour demain : il reste encore trop d’argent à gagner en ce pays ; mais ce sera pour après-demain. Si l’ivresse commerciale remplit encore la baie de San-Francisco, il y a non loin le prodigieux observatoire de Lick perché sur sa crête montagneuse et les portiques de jeunes universités ambitieuses, édifices symboliques.

En ces jours cruels où plusieurs cités effondrées se débattent dans l’abîme creusé soudain sous les pas de leurs habitants, la notion d’un tel avenir se présente comme une puissante consolation. Et je pense à la pauvre cité française disparue il y aura bientôt quatre ans et qui ne représentait, elle, que du passé. Que de temps ils mettront à se relever, les édifices modestes de Saint-Pierre de la Martinique ! que de temps il faudra pour effacer les traces matérielles et morales d’une catastrophe dans laquelle a disparu un morceau de la vieille France transporté sous le ciel des Antilles par la remuante humeur et la vaillance des boucaniers d’antan !