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lois sociales

et placez à côté la simple monographie d’une famille de mineurs honnête et régulière ; il y en a encore, Dieu merci — et même il y en a beaucoup. Les disciples de Le Play ont continué de dresser l’inventaire amorcé par lui et d’entasser sous cette forme monographique de précieuses collections de documents humains auxquels la postérité se référera avec d’autant plus d’intérêt que, là seulement, elle trouvera des renseignements sur la portion droite et calme de la population ouvrière ; les autres documents qu’elle aura à sa portée ne lui parleront que des agités et des dévoyés. Donc prenez une de ces monographies et placez-la à côté de celle — brillante mais fantaisiste — dressée par Zola : ce sera comme si vous mettiez un morceau de soleil à côté d’une nébuleuse. Les assises granitiques de la société — la famille et la propriété — vous apparaîtront dans l’éclat de leur force inéluctable, — ces assises qui commenceraient à se reconstruire toutes seules le soir même du jour où on serait parvenu à les renverser !

Croire aveuglément à l’évolution fatale et se confiner socialement dans l’étude du rouage malsain, ce sont au suprême degré les deux infériorités intellectuelles de notre époque. Une quantité d’échecs, d’obscurités, de malaises, de désespérances et de haines sont sortis de là. L’homme qui a su reconnaître et dénoncer la source de pareils maux était un grand philosophe et la meilleure façon d’honorer son nom serait assurément de recueillir la leçon qui se dégage de son travail — et d’en profiter.