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lui donner une base solide. En limitant son programme à la révision des règlements olympiques, nous aurions couru le risque de rendre ses travaux inintéressants et d’aboutir à un fiasco complet. D’autant que l’horizon politique s’assombrissait en Orient et qui sait si la Grèce, un an plus tard, parlerait encore d’organiser des jeux à brève échéance ?

Certes, j’étais bien loin de me douter des événements qui se préparaient et je ne pensais pas que les revendications, à l’endroit de la Crète pussent conduire si vite à la guerre. On a dit à ce sujet que les Jeux Olympiques de 1896 avaient contribué à pousser

Hôtel de ville du Havre

le havre : l’hôtel de ville

les Grecs vers cette extrémité et qu’ils avaient permis aux chefs du panhellénisme de se réunir à Athènes sous le couvert du sport et d’y prendre des dispositions préliminaires. Je n’ai jamais ajouté foi à cette dernière assertion et je ne sache pas que de véritables preuves aient été produites à l’appui. Il me paraît au contraire que le mouvement en faveur de la Crète fut assez spontané. Mais je considère comme hors de doute que le succès des Jeux grisa quelque peu l’opinion et donna aux Hellènes une confiance dangereuse tant en leurs propres forces qu’en la bienveillance des nations étrangères. Quoi qu’il en soit, la guerre éclata et tourna très vite en demi-désastre. Le sentiment public en Europe fut en général hostile à la Grèce ; les Français surtout jugèrent sévèrement son