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qui ne sont pas initiés — et Dieu sait si les parents d’alors l’étaient peu — le spectacle du coureur touchant le but effraie souvent par l’espèce de convulsion interne que le travail intense paraît avoir déterminée dans l’organisme ; simple apparence d’ailleurs mais dont, pour l’avoir maintes fois observée en Angleterre, je redoutais l’effet sur un public français. Ma défiance était justifiée : certes car, par la suite, il m’arriva vingt fois dans les réunions scolaires de courses à pied de recevoir les protestations de spectateurs indignés par la « barbarie » de nos exercices. Un brave père de famille venu voir courir son fils et mis hors de lui par ce spectacle me promit même un jour « deux balles de revolver si l’enfant en mourait. » Mais l’enfant n’en mourut pas puisque me voilà.

Ces objections me détournaient de chercher à faire du Racing-Club contre lequel s’élevaient, du reste, dans certains milieux, des préjugés absolument injustifiés, le pivot de la combinaison. Edmond Caillat
m. edmond caillat
Président de la Société d’Encouragement
au Sport Nautique
Quant à l’« Union », que le Racing-Club et le Stade Français avaient fondée dès 1887, je l’ignorais totalement et j’en étais excusable apparemment puisque, quatre ans plus tard, dans une lettre que j’ai sous les yeux, M. Paschal Grousset déclarait, comme délégué de la ligue de l’Éducation physique, n’avoir « jamais, avant 1889, vu trace de cette Société dans aucune publication, dans aucune réunion ou commission » et ne connaître « d’elle aucun acte antérieur à cette année-là ». L’impartialité m’oblige à reconnaître qu’il y avait bien un peu de vérité dans cette critique-là. Certes, l’Union a le droit de réclamer la date de 1887 pour celle de sa fondation mais on la mit ensuite dans une couveuse où elle se borna à végéter ; et elle ne