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grâce aux chaises curules et au tapis vert autour duquel elles se prolongèrent nocturnement.

Ces progrès n’étaient pas sans inquiéter la Ligue de l’Éducation physique qui commença à nous chercher noise par toutes sortes de moyens. Dès le mois de février, je dus en écrire à M. Marey, le célèbre membre de l’Institut qui était un des vice-présidents de la Ligue dont il s’occupait peu, du reste. J’ai là sa réponse datée de Naples dans laquelle il me dit être intervenu aussitôt et me prie de lui faire savoir si son intervention n’a pas produit d’effet. Jules Marcadet
m. jules marcadet
Secrétaire du Comité de l’U. S. F. S. A.
Non, elle n’en produisit pas beaucoup et l’on continua de nous susciter des ennuis si j’en juge par un billet désolé de M. Heywood, daté du 23 mars et me disant qu’on a expulsé, la veille, ses joueurs de football d’une des pelouses du Bois. Que faire ? Où trouver des terrains ? Perplexité et mécontentement. D’un autre côté, M. Gréard avait pris l’initiative inattendue de convoquer les dirigeants de la Ligue et ceux de l’Union à la Sorbonne avec les proviseurs et chefs d’établissements de Paris. Je me gardai d’assister à la réunion parce que je savais que, sous couleur d’unifier des programmes rivaux, on désirait nous contraindre à une sorte de fusion avec la Ligue. M. Gréard fut ennuyé de mon absence et s’en plaignit aussitôt à Jules Simon qui me pressa de céder : « La paix, grand Dieu ! Quand vous aurez quatre-vingt ans, vous en serez affamé comme moi ». Mais je sentais très bien que nous étions à un tournant dangereux et qu’il fallait, avant tout, conserver son autonomie à l’Union sans quoi elle risquait d’être absorbée, dépouillée, et